Adrexo ne manque pas de ressources en matière d’innovation et vient d’ajouter un nouvel indicateur de temps : le temps scratch !

Ce temps est le temps de distribution mesuré le plus faible constaté sur un secteur donné.

Concrètement, pour un secteur donné, c’est le plus petit temps de distribution mesuré par la badgeuse depuis la mise en place de cet outil quel que soit le distributeur.

La direction indique que ce temps doit être utilisé pour détecter une évolution inexplicable du temps de distribution sur un secteur.

En effet, la badgeuse mesure le temps réel de distribution et la direction affirme constater que certains distributeurs prendraient la liberté de rallonger volontairement le temps de distribution semaine après semaine.

Des distributeurs payés au temps réel constateraient, d’après la direction, qu’en prenant un peu plus de temps, ils sont toujours payés et ainsi un peu plus chaque semaine.

Nous ne pensons pas que ce soit le cas, sauf situation isolée qui existe certainement, et nous pensons que les distributeurs sont davantage occupé à prendre toutes les précautions nécessaires à réussir le badgage plutôt qu’à tenter de gruger l’entreprise.

De plus, si ces situations existent, il est clair qu’elles relèvent d’un traitement RH qui est nécessaire en cas de dérive avérée et n’imposent pas l’instauration d’un nouvel indicateur de temps parfois contestable, appliqué à tous, sans discernement.

Car ce temps « scratch » montre déjà ses limites !

Il est parfois issu d’une mesure faite par un distributeur qui n’a pas couvert tout le secteur et qui, de ce fait, a passé forcément moins de temps.

Certains temps sortent également de mesures effectuées sur une semaine ou la badgeuse s’était arrêtée prématurément du fait d’un bug informatique.

La direction annonce déjà des améliorations.

Ce qui inquiète la C.A.T., c’est d’avantage l’usage qui va en être fait de cet indicateurs car si la volonté officiellement affichée par la direction est seulement d’éviter certains abus, il se révèle qu’il en est tout autrement dans le réseau des agences.

Sur le terrain et officiellement, il est demandé d’analyser, à l’aide d’un tableau réalisé par extraction des données de temps, l’évolution de certaines mesures de distribution qui peuvent paraître suspectes et de rencontrer les distributeurs concernés pour formaliser un entretien afin de consigner les motifs de ces écarts.

Jusque-là, la demande est légitime et n’entraine aucune conséquence. Elle relève du pouvoir normal de direction de l’entreprise et n’appellerait aucune remarque.

Mais la direction précise, qu’après l’entretien, si une dérive est constatée, il convient d’imposer une minoration du salaire par une régularisation négative.

Et, officieusement, il est demandé de ne pas se limiter au tableau communiqué par la direction mais de rechercher les distributeurs dont le temps est éloigné du temps théorique (repère), autre temps parfois très éloigné de la réalité, et surtout, démarche et objectif tout à fait différent de celui qui est annoncé, et qui consiste à rechercher des fraudeurs.

La C.A.T. rappelle que l’accord d’entreprise du 4 juillet 2016, limite le temps de distribution à 5 % du temps théorique (ou repère), seulement quand ce temps est vérifié, c’est-à-dire qu’il a été validé après qu’un distributeur ait pu réaliser la distribution du même secteur, dans des conditions normales, pendant au moins 3 semaines.

Après vérification, le temps théorique correspond à un temps qui peut s’expliquer puisqu’il repose sur un travail de terrain réalisé par un distributeur et non un temps calculé sur des données théoriques.

Il faut, pour être honnête, reconnaitre qu’il est parfois possible de gagner du temps en modifiant son organisation et qu’il relève, là encore, du pouvoir de direction de l’employeur, de tenter d’améliorer la productivité de ses salariés.

Dès l’instant où la badgeuse permet une rémunération juste, basée sur la réalité, l’employeur peut imposer des modifications d’organisation, il n’y a rien à y redire. Encore faudrait il que les managers ou les équipes techniques disposent du temps nécessaire pour montrer et démontrer ces possibilités d’amélioration, ce qui n’est pas du tout le cas à date.

Si le temps théorique est fantaisiste, le distributeur peut avoir un temps réel très éloigné, ce n’est qu’après une vérification que l’on peut indiquer si c’est le temps théorique qui est faux ou si c’est le temps réel mesuré et donc le travail du distributeur qu’il faut remettre en cause.

En attendant, l’entreprise autorise un dépassement du temps théorique de 3 heures avant de bloquer la mesure de temps de la badgeuse, limite qui peut être élevée ponctuellement d’une heure après autorisation des managers. Précisons que cette limite n’est pas prévue dans l’accord d’entreprise et a été imposée sans concertation.

Pour être tout à fait complet, les partenaires sociaux et la direction se sont accordés, dans l’accord d’entreprise, à limiter à 5%, le dépassement de temps possible si le temps théorique a été vérifié, avec une possibilité de lever ponctuellement cette limite dans des cas particuliers.

Nous vous mettons donc en garde sur des initiatives qui pourraient vous contraindre à sortir du cadre « normal » de cette procédure et qui viseraient à finalement remettre en cause votre temps réel de distribution.

En clair, la direction veut confronter certains distributeurs à des contradictions :

  • Pour un même secteur, à activité comparable, le temps augmente sans que cela soit explicable,
  • Le salarié est sollicité pour s’expliquer :
    • L’explication permet d’avoir une explication motivée et acceptable :
      • Il n’y a pas de problème, le temps mesuré demeure validé.
    • L’explication met en évidence une faute du distributeur :
      • Le responsable vous propose de signer un compte rendu d’entretien et peut réduire votre rémunération.

 

Dans le cas cité ci-dessus, et si le manager gère professionnellement cet écart, il n’y a pas grand-chose à dire, sauf sur le point de la réduction de rémunération qui pourrait s’assimiler à une sanction pécuniaire.

En effet, nous sommes dans le cas d’une relation de travail ou l’employeur peut demander des explications à son salarié.

Dans une usine, un salarié qui devrait faire 10 pièces par heure, et qui n’en produirait que 8 se verrait interroger pour connaître la raison de cet écart.

Si le problème est humain, l’entreprise prendra soit la décision de le former ou de l’accompagner pour lui permettre d’augmenter sa productivité, soit pourra sanctionner son salarié insuffisamment productif.

Tout cela relève du pouvoir de direction de l’entreprise.

Mais dans les faits, aucune action d’accompagnement n’est prévue, du moins pour le moment, si le salarié présente un écart trop important, et ensuite, aucune sanction RH n’est engagée officiellement par Adrexo, l’entreprise connaissant parfaitement et autant que vous malheureusement, la légendaire inertie de son service qui ne pourrait absorber ce surplus d’activité.

Le risque, aujourd’hui, est que l’entretien soit parfois extorqué aux distributeurs et ceci pourrait engendrer des diminutions du temps badgé et donc du temps réellement effectué, véritable sanction pécuniaire, alors que cela est interdit par le code du travail.

Pour la C.A.T. ce dispositif de temps « scratch » ne doit servir que d’indicateur et ne pas masquer une démarche visant à contourner les dispositions de l’accord d’entreprise et de réduire des salaires mesurés pour les distributeurs qui effectuent leurs missions sérieusement.

Bref, nous vous recommandons, si vous faites l’objet d’un entretien sur ce sujet, à demander les détails nécessaires à la bonne compréhension de la demande de l’entreprise :

  • Est-ce que le temps mesuré progresse à la hausse, à travail identique (poids comparable de la poignée, pas de mission Stop Pub, nombre de courriers comparable) ?
    • Simplement, s’il y a problème : demandez à savoir quand, et faites-vous démontrer le reproche,

 

  • Mon temps est trop éloigné du temps théorique (repère) ?
    • Demandez à ce que ce temps soit vérifié si ce n’est pas déjà fait,
    • Si un reproche doit être fait sur ce sujet, demander qu’il soit fait par écrit,
    • Si le temps est déjà vérifié, montrez-moi comment il l’a été (parcours, poids, étendu de la distribution) et si la vérification s’avère correcte, ce qui est souvent le cas, ce sera peut-être au distributeur de changer d’organisation.

 

Si l’entreprise n’est pas en capacité de vous montrer et démontrer une faute, vous n’avez pas rentrer dans le débat et ne devez pas faire l’objet d’une retenue sur salaire.

Si, et nous n’en doutons pas…, l’esprit de la démarche de l’entreprise ne vise qu’à identifier des tricheurs et stopper des dérapages et si vous n’êtes pas concerné, nous n’avez pas à subir une retenue de salaire.

Sachez enfin, que cette demande gène énormément de managers qui sont au contact des distributeurs alors ne transférez pas, sur eux, votre colère inutilement et prenez le temps de l’analyse.

Ils feront remonter vos demandes, en particulier de justifications.

Vous n’avez rien à signer sous la contrainte, prenez le temps de l’évaluation, et n’hésitez pas à nous faire appel en cas de doute par la rubrique « aide aux distributeurs et salariés ».

De même, si une meilleure organisation permet d’être plus productif, engagez vous à un essai pour tester la solution proposée, ce n’est pas parce qu’un secteur est distribué de la même façon depuis des années, qu’il ne faut pas essayer autre chose !

 

 

 


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