e-commerce de proximité : du producteur au consommateur

Nos actionnaires, qui ont le vent en poupe, malgré le covid-19, ont annoncé un nouveau concept issu du confinement lié à la crise sanitaire.

En effet, associé à une start-up, Hopps-group veut promouvoir une plateforme gratuite de e-commerce qui propose la vente de produits locaux en direct, vers les consommateurs, en squeezant la grande distribution.

Un drive local et champêtre, consolidé par une option livraison à domicile devrait prendre jour sous l’autorité de Colis-privé. On s’en doute un peu.

L’idée est de pouvoir commander chez plusieurs commerçants et de recevoir la commande en une fois et de ne faire qu’un paiement.

Le circuit court permet une consommation responsable, c’est l’item du moment et une valeur sûre qui s’avérerait la « tendance » de l’après confinement.

Le pari est de « jouer » sur : « Rien ne sera comme avant et les mentalités, marquées à jamais par l’épisode de l’épidémie, modifieront la donne pour ce qui est des habitudes du consommateur », dixit Frederic Pons.

Les cadors de la grande distribution ont déjà fait ce constat.

Tout au même endroit sur place ou avec aujourd’hui le Drive et la livraison, un seul paiement, c’est le fonctionnement de l’hypermarché en ce moment.

Ce nouveau concept permet « idéologiquement » de montrer un visage plaisant et de se poser en pourfendeur du modèle mondialiste tant décrié.

Le bon point est légitime et mérité. Du point de vue écolo-responsable, rien à dire.

Coté business c’est autre chose.

En effet, d’autres ont déjà proposé la formule. L’intégration, par certaines grandes enseignes, surtout en période de crise, des circuits courts et des produits locaux sont déjà d’actualité.

Nos actionnaires affirment créer un « Canal d’acquisition supplémentaire, accélérateur de ventes en drive ou livrées, le e-commerce peut bien au contraire les accompagner dans cette période et dans le futur. Les initiatives se multiplient en ce sens, et marquent déjà le pas de nouveaux usages de la consommation avec d’un côté de la proximité, du circuit-court, un retour au local ; de la simplicité, de la praticité, de la rapidité, de l’autre. La crise actuelle est d’ores et déjà en train de modifier fondamentalement nos comportements d’achats, et nos habitudes de consommation : si l’e-commerce en général prendra bien évidemment une place majeure à l’avenir, l’e-commerce de proximité aura, lui aussi, son mot à dire dans la conquête d’un marché nouveau. ».

Et c’est dans cette optique qu’il n’est pas sûr que nos clients principaux, Carrefour, Auchan, Leclerc, Cora et consorts gouttent les propos de Frédéric Pons avec le même intérêt que ses supporters !

Voir leur prestataire de distribution prôner un autre mode d’achat, et inviter à ne plus acheter en grande distribution pour y préférer le local livré, il n’est pas sûr que nos clients aient très envie de continuer à financer la concurrence.

C’est de ce point de vue, que les salariés peuvent s’inquiéter et donc leurs représentants.

Mêmes si nos actionnaires sont empreints d’une volonté d’expansion économique et stratégique légitime, il faut se souvenir du rôle sociétal d’Adrexo et du groupe puis qu’il pilote un navire qui abrite 22 000 salariés….

Le souci majeur dans cette histoire, c’est que ce sont nos clients principaux qui, aujourd’hui, peuvent être nos concurrents les plus féroces sur ce marché. N’oublions pas que ce sont eux, pour la majorité, qui permettent de maintenir 17 000 emplois directement liés à la distribution des imprimés publicitaires chez Adrexo. Ce n’est pas rien !

Comment pourraient-ils réagir à ce « mouvement de troupes » de la part d’un de leurs prestataires sur ce marché sensible et relativement nouveau ? Le jeu en vaut-il la chandelle ?

Pas sûr !

On nous dit que demain, le recrutement des commerçants passera par le réseau commercial d’adrexo qui aura à s’expliquer avec les directeurs d’hyper sur cette démarche.

Cela vaut-il le coup de se battre sur ce marché où, somme toute, il faudra se battre pour livrer, parce que c’est le but, une botte de carottes, un saucisson ou les produits de la fromagerie Morel dans son village ? Pas sûr non plus !

D’autant que pour livrer cette marchandise, il faudra une flotte de véhicules adaptés, que le groupe ne peut pas se procurer, étant déjà dans l’impossibilité de le faire actuellement pour des véhicules classiques.

Les enjeux sont grands mais pas nécessaires si nous devons nous faire face au dilemme de la concurrence féroce avec un client nécessaire pour pérenniser l’activité IP, qui assure 80% du chiffre d’affaire d’Adrexo.

Donner du sens à nos métiers, oui, à condition qu’il ne soit pas inverse à l’intérêt de l’entreprise à moins qu’elle soit déjà vouée à disparaître mais qu’elle peut encore servir de poisson pilote sur ce dossier.

Bien que nous aimerions y croire mordicus, la raison nous somme de réfréner nos « ardeurs ». L’exploitation d’une niche économique peut devenir un frein au retournement d’adrexo, qui n’a pas intérêt à se fâcher avec la grande distribution, bien au contraire.

Les carottes, les saucissons et les fromages du père Morel, livrés à domicile, suffiront-ils à nous sortir du gué ?

Ben, on a du mal à y croire !

Qu’as-tu donc dans ton panier…

La fromagerie Morel… en pointe sur le e-commerce

En savoir plus sur Syndicat C.A.T. Milee (ADREXO)

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2 Commentaires

  1. Je ne veux pas être oiseau de mauvais augure mais Frédéric Pons a un coup d’avance :
    il sait déjà l’avenir d’Adrexo !
    Peut-être n’est-il pas assez prudent sur le devenir de la distribution d’IP, rappelez vous de la pub E. Leclerc : « objectif zéro prospectus en 2020″…pourtant on en distribue encore et toujours .
    E. Leclerc maintenant : « ramenez vos prospectus périmés et on vous crédite des centimes d’Euro sur votre carte de fidélité », vous pensez « oh Leclerc est devenu écolo ». Non, Leclerc sait, grâce à ces cartes de fidélités que le prospectus a bien été distribué dans la zone de chalandise qu’il a payé à Adrexo !
    Tant que les grandes enseignes ont besoin d’Adx (ou Médiapost) ça passera, mais quand la génération la plus âgée aura disparue, la pub papier sera devenue obsolète car toute l’info des commerçants sera diffusée par le net .
    Frédéric Pons sait que diriger c’est anticiper

    • Bonjour,

      La publicité écrite n’intéresse pas que les retraités… heureusement.

      On ne pas reprocher à nos actionnaires d’anticiper une baisse probable de l’IP dans les années à venir, mais notre rôle à nous, c’est de nous intéresser à l’emploi.

      Plus précisément, nous ne sommes pas du tout contre les mutations à venir qui peuvent passer par le courrier, le colis, et bien d’autres choses, c’est la méthode utilisée et les moyens qui permettent le développement de colis privé qui nous posent question.

      Comme vous le savez, actuellement, par internet, il n’y a pas encore de moyen qui puisse concurrencer le prospectus. Mais ce moyen arrivera sans doute, dans une logique financière d’économies et écologique.

      Faisons en sorte que cette transition ne tue pas nos emplois, c’est le rôle d’une organisation syndicale que d’accompagner les évolutions et de protéger les salariés.

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