Depuis la mise en place d’une mesure unilatérale imposée par la direction en 2018, l’entreprise ne rémunère pas le trajet pour aller du domicile au secteur de distribution.

Légal ? pas légal ?

Déjà, il faut considérer différemment les distributeurs qui ne préparent pas la publicité et récupèrent les poignées fabriquées par une machine, en début de semaine, et peuvent donc distribuer directement.

Pour ceux-ci, le passage au domicile n’est pas indispensable, au moins le premier jour.

Mais, pour ceux qui récupèrent les documents en fin de semaine, préparés ou non, et qui doivent les stocker au domicile, il faudra évidement aller ensuite sur le secteur de distribution.

Le code du travail indique que le trajet pour se rendre à son travail n’est pas du temps de travail effectif et ne donne lieu à aucune rémunération.

C’est le cas pour n’importe quel salarié qui doit se rendre à son travail, son trajet n’est pas pris en charge (article L 3121-4 du code du travail).

Mais l’entreprise considère ensuite que le trajet pour aller du domicile au secteur rentre aussi dans ce cadre et que le secteur est un nouveau lieu de travail qui rentre dans le cadre de l’article susvisé.

Or, c’est bien à la demande expresse de l’employeur que le salarié va sur son secteur, emportant dans la voiture les documents, et ne disposant donc pas de la liberté de vaquer librement à des occupations personelles.

C’est tout le dilemme puisque l’article L 3121-1 du Code du Travail indique que dès que le salarié « est à la disposition de l’employeur et se conforme à ses directives sans pouvoir vaquer librement à des occupations personnelles », il est considéré comme étant sur son temps de travail.

Dans un récent arrêt de la Cour de Cassation, la plus haute juridiction semble trancher au profit des salariés en considérant que ce trajet serait bien du temps de travail.

Elle indique en effet que dès l’instant ou un salarié utilise un véhicule chargé de matières confiées par l’entreprise, il doit être considéré comme au service de celle-ci.

La Cour indique cependant que la qualification du temps de travail peut dépendre de règles particulières comme celle des transports par exemple, qui impliquent que le retour du salarié, après avoir livré un dernier client, n’est pas considéré comme du temps de travail effectif.

Ces précisions de la Cour de Cassation concernent deux catégories de salariés pour Adrexo.

Les distributeurs de publicités qui se voient imposés, chaque jour, un nouveau lieu d’embauche au bon vouloir de l’employeur et des secteurs confiés, sans rémunération.

Les chauffeurs livreurs de colis qui appliquent la règle de l’arrêt du temps de travail après le dernier client livré lorsqu’ils conservent le véhicule à domicile.

Pour les premiers, les actions judiciaires de la C.A.T. au sujet des temps de distribution, des kilomètres parcourus et des invalidations de badgeages sollicitent déjà les tribunaux sur ce point.

Pour les seconds, la Cour précise très clairement que ce dispositif d’arrêt de la mesure du temps de travail après le dernier client livré n’est applicable que dans le cadre de la convention collective des transports, ce qui n’est pas le cas d’Adrexo qui est toujours calée sur la convention de la distribution directe.

Les chauffeurs livreurs seraient donc en droit de réclamer le temps nécessaire au retour.

Si Adrexo utilise son adhésion à la convention collective de la distribution pour s’exonérer de verser une prime de panier aux salariés chauffeurs livreurs alors que leurs collègues des transports la perçoivent obligatoirement, il parait effectivement difficile qu’elle se prévale du contraire pour ne pas faire application des dispositions de l’article L 3121-1 et de cette nouvelle jurisprudence.


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