Dans la suite des articles sur la culture d’entreprise et particulièrement sur la qualité des prestations facturées par l’entreprise à ses clients, revenons sur le fameux temps « max ».

Un moyen pour l’entreprise de stopper ses distributeurs, en cours de distribution, et finalement de ne faire qu’une partie des secteurs.

Rappelons, mots pour mots, la définition du temps « max » donnée par Frédéric PONS, l’un des actionnaires de Hopps group (Adrexo, colis privé,…) et publiée lundi 9 septembre dans un article de MarsActu.fr

Un temps max a été instauré pour réduire les coûts de distribution. Concrètement, si un livreur dépasse le temps prévisionnel de sa tournée, les heures supplémentaires non-prévues ne sont pas payées.

Le temps prévisionnel, c’est le temps « théorique » indiqué sur la feuille de route et largement sous évalué la plupart du temps (le résultat d’un algorithme pour une grande partie de ces temps).

Et oui, si le “livreur” dépasse le temps prévisionnel de sa tournée, il doit être payé, n’en déplaise à Monsieur PONS qui a une haute idée de ses « livreurs » puisqu’il indiquait aussi en 2009 au magazine « Marianne » :

« Honnêtement, j’estime qu’Adrexo rend service à ces gens: grâce à ce boulot, ils se maintiennent en forme et économisent un abonnement au gymnase club. Rémunérés pour faire du sport : il n’y a pas de quoi crier au servage. »

Le temps max

Le 1er juillet 2019, nous indiquions déjà :

Les lignes téléphoniques des centres crépites ce matin. Les premiers distributeurs qui avancent dans la distribution d’un secteur et qui se retrouvent bloqués par le temps MAX prennent contact avec leurs managers.

Majoritairement, d’après nos retours, au téléphone, les instructions données consistent à faire cesser la distribution et à rapporter les documents.

Les managers, qui devraient pouvoir régulariser les temps au delà pour le moment, mais sachant dès à présent qu’ils ne pourront plus rapidement ensuite, ne veulent pas prendre le risque de cautionner des actions de travail dissimulé.

Puis le 28 septembre :

Tout ceci est très dangereux pour l’entreprise.

Et si c’est dangereux pour l’entreprise, c’est aussi dangereux pour nous, salariés.

D’autant qu’à ce jeu, les clients s’inquiètent déjà et ils ont bien compris aussi que c’était dangereux pour eux. Les gros clients utilisent des sociétés spécialisées pour les assister dans les choix de zones de distribution et même de société de distribution.

Ces experts exercent une veille attentive du métier et connaissent très bien le fonctionnement des différents acteurs de la distribution.

Or, pour se distinguer sur la qualité, l’entreprise menait des actions spécifiques, ayant compris que c’est sur ce terrain que les clients attendent des résultats et surtout que l’on soit en capacité de les prouver.

La badgeuse est un outil providentielle pour cela. Les clients sont très sensibles aux informations qu’elle peut produire et à l’analyse qu’ils peuvent en faire. C’est un moyen de contrôle de tous les distributeurs, en même temps, ce qui est impossible physiquement.

Elle répond aussi à un besoin de légalité sur l’appréciation des niveaux de rémunérations étant entendu que le donneur d’ordre doit aussi s’assurer qu’il travaille avec un prestataire sérieux.

En réponse à cette attente, l’entreprise décide d’arrêter la mesure du temps de travail et le contrôle qualité au bout d’un temps Max…

Plus de contrôle, plus de données, et parfois même plus de distribution !

Il faut avoir un esprit déviant pour avoir une idée aussi suicidaire et contraire à la volonté du marché.

Qu’une entreprise souhaite gérer la performance de ses salariés, c’est une chose, mais qu’une entreprise rabote le temps de travail au préjudice de son activité, c’est tout simplement une aberration.

La non qualité comme culture ?

La fonction d’une entreprise de distribution, c’est de distribuer et de s’assurer que ce travail est fait correctement.

C’est aussi de gérer les performances de ses salariés, bien sur, et de contrôler le temps de travail.

Avec ce temps « max », c’est juste un moyen de stopper la distribution avant la fin, de faire rapporter les documents aux agences et de les jeter.

Le distributeur (l’entreprise) devient recycleur de papier, qu’il va vendre au surplus, générant ainsi une nouvelle recette sur du papier qu’il aurait du distribuer.

Ce « système » se fait partout en France, plus ou moins discrètement, mais toujours au préjudice du client.

Avec la mise en lumière de l’entreprise à l’occasion de sa prestation « exemplaire » pour la distribution de la propagande électorale, cette culture de la non qualité éclate au grand jour.

Nous dénonçons depuis toujours l’usage de ce temps « max » qui est contraire aux intérêts de l’entreprise et nous ne pouvons que constater que la suite nous a donné raison.

Le courrier, chaque semaine, reste à un volume très éloigné des objectif de l’entreprise. Les clients passent et ne restent pas.

Rien d’étonnant, leurs courriers n’arrivent pas toujours dans les boites, surtout quand le temps « max » bloque la distribution et que les courriers finissent dans les bacs de recyclage.

Sans qualité sur cette activité, ce n’est pas la peine d’espérer un développement.

Aujourd’hui, les agences massificatrices, et surtout celles qui sont en dehors des régions concernées par la distribution électorales, regorgent des enveloppes électorales non distribuées.

La aussi, une bonne recette prévue pour le recyclage de ce papier, il n’y a pas de petit profit.

Les organisations syndicales méprisées

Si les salariés sont méprisés, c’est aussi bien entendu le cas de leurs représentants.

Négociation annuelle obligatoire en fin d’année, retardées le plus possible, avec l’appui d’organisations syndicales corrompues, et sans aucun enjeu, sauf des intérêts personnels.

Absence de négociation sur les sujets structurants de l’activité, aucun développement n’est possible sans donner du sens aux projets d’entreprise et donc en y associant les salariés lorsque celle-ci est basée essentiellement sur l’usage de main d’œuvre.

Avec l’opération électorale, la direction pensait sans doute s’en tirer comme avec la publicité. Un saupoudrage bien organisé, la grande illusion, mais des élections départementales et régionales engagent des candidats locaux, et la, l’entreprise est prise la main dans le pot de confiture !


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