Après les auditions, le rapport du sénat tant attendu met en évidence de nombreuses lacunes

Après son travail d’audition des personnes concernées par le dossier de la distribution de la propagande électorale, la commission vient de rendre ses conclusions.

Le président de cette commission avait livré quelques pistes il y a quelques jours et pointent des fautes collectives.

Vous pouvez visualiser, en cliquant ici, l’intervention du sénateur.

Les sénateurs pointent quelques évidences :

Une double élection

Ce n’est pourtant pas la première fois, mais celle-ci semble la dernière, il faudrait trouver la, une raison du fiasco, particulièrement dans la capacité à produire des enveloppes pour deux scrutins différents.

Une semaine entre les deux tours

La encore, ce n’est pas une surprise, et pourtant habituel pour ces élections mais le délai d’une semaine semble trop court pour produire et distribuer.

Pourtant, heureusement que les routeurs n’ont pas produits, au second tour, tous les documents dans les délais, Adrexo aurait connu la même catastrophe qu’au premier tour.

Le retard à la production a été une bonne excuse pour ne pas distribuer, et même dire que les salariés n’avaient pas de travail.

Le rapport sénatorial conseille finalement de mettre un écart de deux semaines en cas de doubles élections.

La taille de l’entreprise Adrexo

Adrexo n’est pas blanchit par les sénateurs qui considèrent que sa taille ne permet pas de faire face à un marché comme celui-ci.

Quand 2000 distributeurs CDI y travaillent au premier tour et 4000 au second, il est évident que les 18000 employés nécessaires sont moins d’être au rendez vous.

Même si nos dirigeants ont essayé de camoufler la vérité sous des chiffres surévalués passant le nombre de salariés d’Adrexo de 17 000 à 23 000 et n’hésitant pas à qualifier le groupe Hopps de groupe « solide », les sénateurs ne s’y sont pas trompés et ont remis les chiffres dans les bonnes cases et nos patrons face aux réalités.

Les sénateurs recommandent de rompre le marché et donne les moyens et les arguments au ministère pour le faire et éventuellement, pour raboter le montant de la facture de la prestation passée…

Un recours à l’intérim disproportionné

Recruter en une heure, des salariés pour les envoyer sur le terrain allait nécessairement conduire à l’échec.

La cerise d’honneur revenant à l’intérim en ligne qui a démontré toutes ses capacités à organiser l’échec, fournissant 10% du nombre d’intérimaires attendus.

Bien plus, ces derniers arrivaient sans savoir ce qu’ils allaient faire, ni où ils allaient travailler. Une leçon qui a conduit l’opérateur Gojob à supprimer toute sa communication sur sa fierté a accompagner Adrexo dans cette belle opération de distribution électorale.

La fierté de l’opération débouchant sur un échec cuisant a imposé le retrait immédiat de toute cette communication et l’audition du dirigeant, clairement défaillant, par la commission sénatoriale. La procédure de recrutement, par exemple, ne cessera de nous étonner.

Le rapport pointe aussi un manque de formation évident de ces intérimaires, les démarches en ce sens étant qualifiées « d’expéditives », tout en affirmant que la formation est une mission de l’entreprise utilisatrice et non de la société de travail temporaire.

Un manque d’attention du ministère de l’intérieur

Le ministère aurait du être plus vigilants face aux propositions d’Adrexo qui a baissé ses prix de 50 % entre une première proposition et la proposition finale.

Le ministère n’a pas non plus évalué les possibilités financières de l’entreprise et finalement sa capacité à effectuer ce travail.

Le prix retenu avec Adrexo, pourtant plus élevé que celui de la poste, était accepté en raison de sa capacité à effectuer un meilleur retour d’informations, ce qui s’est révélé être finalement très insuffisant et très loin du résultat escompté. L’importance de ce point a clairement été déterminant au détriment de la capacité à distribuer comme si l’on avait voulu avantager un soumissionnaire par rapport à un autre.

Et finalement ?

Le ministère n’aurait pas dû donner autant de régions à Adrexo…

Le ministère aurait dû vérifier la solvabilité d’adrexo…

Le ministère ne l’a pas fait… privilégiant le retour d’informations pendant et après la distribution à la qualité et acceptant une offre d’Adrexo, pourtant plus chère, que celle de son concurrent.

Le secrétaire général du ministère de l’intérieur s’est « trompé » en déclarant que « Le code de la commande publique dresse une liste limitative d’éléments qu’il est possible de demander. (…) Nous nous en sommes tenus au strict respect de ce que le code prévoit qu’un client puisse demander à des candidats prestataires. »

Or, depuis le 1er avril 2016, le droit de la commande publique ne limite plus les informations qu’un acheteur public peut exiger des candidats à un marché public pour s’assurer de leurs capacités économiques et financières.


Les sénateurs indiquent toutefois que la poste ne devrait pas être en situation de monopole sur ce marché.

Pour écarter un autre opérateur, il faudrait donc que les critères visent d’avantage le résultat opérationnel.

Les opérateurs reconnaissent des lacunes :

L’enquête effectuée par le sénat rapproche la qualité de la distribution de l’abstention constatée :

« Pour s’en tenir au cas des élections régionales, et si l’on se fie aux statistiques fournies par les distributeurs, on observe une assez nette corrélation entre la proportion d’électeurs n’ayant reçu aucune propagande électorale et la hausse de l’abstention entre les scrutins de décembre 2015 et juin 2021, au second tour sinon au premier tour. À titre d’exemple, l’abstention a progressé au second tour de 29 points en Indre-et-Loire et en Meurthe-et-Moselle, où 81 % des électeurs n’auraient reçu aucune propagande ; la Côte-d’Or, l’Eure-et-Loir, l’Orne affichent des chiffres très semblables. »

Une présentation trompeuse des chiffres d’Adrexo

Les sénateurs mettent en évidence une « manipulation » des chiffres indiqués par Adrexo dans sa présentation :

« On constate que la société a additionné, pour calculer le chiffre d’affaires concernant les « services objet de l’accord-cadre », celui qu’elle avait réalisé grâce à ses activités liées aux imprimés publicitaires et au courrier. Cette présentation est trompeuse, car la distribution d’imprimés publicitaires non adressés est une activité entièrement différente de la
distribution de courrier adressé. Elle ne fait pas appel aux mêmes compétences, et elle n’est d’ailleurs pas soumise à la même réglementation. Le ministère s’est apparemment contenté de ces données biaisées. »

Appeler un chat, un chat : une volonté politique d’attribuer le marché à Adrexo

Pour attribuer ce marché, la note la plus importante reposait sur la qualité du retour d’information.

Adrexo a présenté un format de tableau de retour assez simple et très proche de celui de la poste.

« La Poste, qui avait pris des engagements similaires, s’est vu reprocher de proposer un tableau certes plus complet, mais « dont la présentation complique le travail de l’administration qui devra reclasser les colonnes et les lignes pour effectuer les calculs prévus ». Elle a obtenu 38,4 points, écart qui laisse assez perplexe. »

CQFD.

Le ministère semble avoir particulièrement apprécié l’utilisation de la badgeuse pour obtenir des remontés informations pour chaque pli non distribué. Les sénateurs notent que ces informations ne sont toujours pas remontées, à ce jour, et que la solution proposée semble bien loin de la réalité constatée.

Du coté humain, l’administration notait pourtant que : « le dimensionnement des équipes affectées à la distribution des plus paraît assez réduit. La taille des effectifs conduit l’administration à s’interroger sur l’adéquation des moyens
humains que le candidat mettra en œuvre pour la réalisation de la prestation et ce, en dépit du fait que la société affirme dans son offre être capable de mobiliser des ressources exceptionnelles en cas de besoin. » L’expérience devait montrer que ces inquiétudes étaient justifiées… Il est difficilement compréhensible qu’un marché d’une telle sensibilité ait été confié à un prestataire dont l’administration elle-même doutait de la capacité à honorer ses engagements. »

Une désinvolture d’Adrexo ?

Les sénateurs indiquent aussi que les interlocuteurs d’Adrexo ont parfois été difficile à joindre…

Exemple :

« Lorsque les cadres locaux de l’entreprise ont répondu aux sollicitations, ce fut parfois avec une désinvolture pour le moins étonnante. À la suite de l’élection législative partielle des 30 mai et 6 juin dans la sixième circonscription du Pas-de-Calais, où la distribution de la propagande électorale, confiée pour la première fois à Adrexo, avait déjà été entachée par de multiples dysfonctionnements, l’administration centrale du ministère de l’intérieur a par exemple reçu ce message désemparé du responsable des élections de la préfecture :

En résumé ensuite

Les sénateurs déconseillent la dématérialisation de la communication de la propagande électorale.

Ils pointent également des discordances entre les chiffres annoncés par Adrexo et la réalité de la distribution indiquant que 25% des électeurs n’ont pas reçu les enveloppes électorales, principalement sur les zones opérées par Adrexo pointant ainsi du doigt les mensonges du ministère (qui ne prêtait pas serment) et des dirigeants d’Adrexo.

Les ministres ont donné des chiffres dont l’écart était « abyssale » alors qu’ils ne pouvaient ignorer la réalité des problèmes, dès le premier tour. la commission pointes ainsi des déclarations sont trompeuses à plusieurs égards

Des conséquences judiciaires ?

Rien n’empêche un candidat de demander réparation ou de contester le résultat de l’élection.

Cela pourra se faire par le juge de l’élection ou par le juge administratif pour les actions en réparation.

Il semble que ces actions doivent être dirigées vers l’état qui pourra éventuellement mettre en cause un prestataire mais devra faire valoir son droit à imputer des pénalités financières dans le cadre de ce que prévoit le marché.

Une défaillance des routeurs ?

Elle est aussi clairement mise en évidence et s’illustre particulièrement sur certaines régions :

Conséquences pour les affaires d’Adrexo ?

Et maintenant, circulez, il n’y a rien à voir, Adrexo devra ramer face à ses clients courrier et même face à ses clients pour l’imprimé publicitaire pour tenter de faire disparaître cette vilaine publicité.

C’est Hopps, Adrexo qui sont principalement visés, et bien sûr, les autres filiales comme colis privé qui trinque, cette dernière ayant bien du mal à tenir ses objectifs de qualité du fait de son organisation.

Tout cela se résume en un gigantesque gâchis qui trouve son origine dans l’organisation mise en place et qui ne prenait pas assez en compte les capacités du réseau existant et des professionnels de la distribution que sont ces salariés.


En savoir plus sur Syndicat C.A.T. Milee (ADREXO)

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15 Commentaires

  1. Bonjour la CAT,

    Puis-je publier votre article sur un réseau social ?

    Bonne fin de semaine !

  2. Bonjour , POUVEZ-VOUS egalement faire paraitre l article vu sur BFM TV du 22 juillet ou les reflexions du senateur François-NOEL BUFFET sont tres claires envers les dirigents d ADREXO et le fiasco engendre . MERCI Bonne journee Jean BELLAMY

  3. bonjour a vous
    Après avoir lu le rapport des sénateurs qui malheureusement n’est pas tout rose
    QU’ELLE AVENIR POR NOUS LES DISTRIBUTEURS?
    Pour le courriers qu’elles seront les répercutions ?
    Faut-il s’attendre a des surprises des la rentrée de la part de la direction
    merci
    bonne journée

    • Bonjour, ce n’est effectivement pas une bonne publicité et il y aura sans doute des clients frileux mais de là à savoir si l’entreprise connaîtra des difficultés… il faudra attendre pour le savoir

  4. Bonjour je suis salarié chez Adrexo depuis 2017 nous savions toute et tous que la société traversais une période difficile les journalistes et médias avec l aide des Sénateurs ont dénoncé des problèmes de distribution car nous sommes une Société privée mais voilà la Poste à aussi rencontré de très nombreuses difficultés beaucoup de silence il serait souhaitable que les dirigeants soit aussi convoqué devant Messieurs les Sénateurs

  5. Je pense que nos dirigeants se sont trompés sur toute la ligne , Ce qu il aurait fallu faire : demander à nous distributeur d encarter nos prospectus , de les rendre ensuite à des intérimaires et nous occuper de la distribution des courriers électoraux . J ai moi même retrouvé des courriers électoraux dans les jardins car plus de boîtes aux lettres du fait que la maison est murée , sur le trottoir car pas de boîtes aux lettres et dans mes appartements où je distribue alors qu il n avait rien à faire la ! Les intérimaires en avaient que faire …..

  6. Comme l’a dit Jedrusiak, la distribution des plis aurait dû revenir aux distributeurs titulaires. Je remarque qu’actuellement, pour la distribution de la publicité, nous sommes tous bloqués au temps repère, ce qui entraîne dans la plupart des cas une distribution partielle de la publicité que nous confient nos annonceurs (sommes-nous honnêtes avec eux ?). Il y a une exception notable : la distribution d’un tract du député Jean-Michel Jacques (Morbihan) où on a obtenu les codes pour faire la distribution totale des secteurs concernés (y compris les stop-pub). Je suis un peu hors-sujet, néanmoins, ne pas nous permettre de finir entièrement les secteurs munis du code de dépassement exceptionnel conduit à un appauvrissement évident de la qualité de distribution sciemment orchestré par la Direction. Nous, les salariés, nous avons accepté cette situation, nous gagnons donc moins d’argent qu’avec un temps réel de distribution, par contre, la Direction, elle, facture à nos annonceurs la totalité de chaque secteur sans le leur dire. Adrexo à toujours un coup d’avance sur nous, nos parlementaires n’ont découvert que la partie émergée de l’iceberg, un véritable naufrage où la direction joue à Kate Winslet sur sa planche pendant que nous, les salariés, nageons. L’eau est de plus en plus froide mais nous gardons la tête hors de l’eau en écoutant la douce musique de notre chef d’orchestre Alain Brousse .

  7. Pendant que le bateau coule en grande partie à cause de Gojob et son fondateur Pascal Lorne, chez Gojob on continue à se moquer du monde. https://www.facebook.com/gojobcom
    Je pense qu’il serait vraiment utile que vous enquêtiez sur les entreprises de travail temporaire qui ont travaillées sur la distribution des plis électoraux, le nombre d’intérimaires commandé auprès de chacune d’elle, le nombre d’intérimaires fournit au total, le nombre de démission etc.
    Merci pour votre travail.

    • Bonjour,

      Vous pourrez retrouver nos déclarations à ce sujet sur notre audition au sénat.

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