Hopps, c’est initialement le résultat exclusif de l’achat d’Adrexo (devenu Milee) à prix négatif, c’est-à-dire en percevant de l’argent du vendeur pour reprendre l’entreprise.

Confier une entreprise de 20 000 salariés à l’époque à des personnes qui n’avaient pas le premier euro pour la faire vivre était sans doute la première erreur. Les acheteurs ont pu le faire grâce, en partie, à un encouragement du secrétaire du C.E. de l’époque qui avait écrit que les salariés y étaient favorables, sans consulter les autres élus… Et encore moins les dits salariés !

Car, même si des sommes colossales sont entrées dans cette entreprise, pas un euro ne provient des actionnaires, ce qui est une véritable anomalie, là, ou, d’habitude, l’actionnaire sait connaître des bénéfices, mais sait aussi avoir à se porter au secours de son entreprise en cas de problème et engage ses propres deniers.

Pour nous, c’est l’inverse, et les actionnaires ont pu générer une fortune personnelle en gérant des entreprises, dont Adrexo, qui n’a jamais réalisé un euro de bénéfice depuis la reprise en 2017.

Il y a eu une dispersion des actifs dans des entreprises dont le métier était très éloigné de la distribution (cosmétique, Chaussure…) ce qui n’était pas de nature à focaliser l’action sur le retour aux bénéfices de l’entreprise par son adaptation au marché.

Depuis toujours, les actionnaires cultivent l’excuse comme mode de gestion et font partie de ceux qui cherchent en permanence des excuses et des explications culturelles ou sociologiques à ce qu’il s’est passé.

C’est sans doute plus simple que d’avouer que le résultat n’est dû qu’aux décisions des actionnaires.

C’est d’autant plus simple quand ce n’est pas son argent et que les versements ne se font que dans le sens du profit personnel et jamais dans l’autre sens.

Alors… est-ce que l’on peut parler de mauvaise gestion ?

Pour Milee, et plus généralement le groupe et ses composantes, le résultat est là et c’est clairement un échec.

Mais cette mauvaise gestion n’est pas synonyme de pertes pour tout le monde.

Depuis 2017, le groupe a créé, en partant sans aucun euro et en utilisant Adrexo, une multitude de sociétés et racheté de nombreuses entreprises. Sans Adrexo et la soulte versée par Spir en 2017, ca n’aurait pas été possible (sauf pour DISPEO qui a aussi été vendu à prix négatif).

Dans Adrexo, Drive To Home a été créé et développé avant de devenir une entreprise indépendante, le « magazine » 150euros a été créé et largement diffusé sur les fonds de Milee.

Colis Privé, filiale de Milee, a été vendu et profite encore largement de conditions tarifaires très avantageuses au détriment de Milee par un système de vente à perte connu. Enfin, une myriade de sociétés hétéroclites composent le groupe sans lui apporter l’équilibre financier, bien au contraire.

Autant d’argent qui a manqué à Milee pour développer une stratégie de retournement sur son métier du dernier kilomètre.

Cette gestion contestable n’a donc pas été mauvaise pour tout le monde et menée principalement dans un but d’enrichissement personnel et en utilisant l’important chiffre d’affaires de Milee pour financer bien d’autres choses.

Les synergies promises en 2017 dans le protocole de rachat se sont vite transformées en indépendance des filiales et chaque activité de Milee a été consciencieusement découpée, ce qui nous laisse à penser que la mort de Milee est organisée de longue date.

Après, il faut bien faire semblant et soutenir le contraire et pour cela, la vie normale du pays offre à nos dirigeants une multitude d’excuses qui servent à indiquer qu’ils n’y sont pour rien.

« Qui veut faire quelque chose trouve un moyen, qui ne veut rien faire trouve une excuse ».

Alors Pour Adrexo (Milee), si nous en sommes là, c’est tout, sauf un hasard !

C’est surtout tout, sauf une surprise.

Par le déplacement du siège social de Hopps en région parisienne, par le saucissonnage de l’activité 150euros dans une nouvelle société au 1er avril, les dirigeants se préparaient au dépôt de bilan de Milee ?

Cette partie de la préparation pourrait bien s’être faite inutilement puisque le Tribunal de Commerce de Marseille a déjà indiqué que toutes les procédures collectives en cours reviendraient à Marseille même si les entreprises sont situées en dehors du ressort du Tribunal et la loi permet aussi au Tribunal de revenir en arrière pour contrôler des actes de gestion antérieurs.

Cette période antérieure au dépôt de bilan est nommée la période « suspecte ».

Une société se trouve en état de cessation des paiements lorsque ses actifs disponibles ne lui permettent plus de faire face à son passif exigible. Dans les 45 jours de sa survenance, une déclaration d’état de cessation des paiements doit être effectuée par le débiteur.

Le jugement d’ouverture de la procédure collective fixera par la suite la date de cessation des paiements (qui peut couvrir une période de 18 mois maximum). Dès lors, la période comprise entre cette date de cessation des paiements et le jugement d’ouverture de la procédure collective est appelée « période suspecte ».

Nous pouvons désormais vous le dire, puisque cela est désormais publié, les commissaires aux comptes de Milee indiquaient déjà, le 21 février 2024, que le passif de Milee était supérieur à l’actif et que l’entreprise, même avec le soutient du groupe, ne pouvait faire face à ses dettes.

Il s’est donc écoulé bien plus de 45 jours.

Selon les dispositions des articles L. 632-1 et L. 632-2 du Code de commerce, certains actes accomplis pendant la période suspecte sont susceptibles de nullité. Ils sont considérés comme suspects parce que leur nature permet d’évacuer certains actifs de la société ou de favoriser un créancier au détriment des autres.

Le législateur a ainsi instauré une présomption de fraude plus ou moins irréfragable selon la nature de l’acte. Le Code de commerce divise en deux catégories ces actes : ceux susceptibles d’être sanctionnés par une nullité de droit et ceux susceptibles d’être sanctionnés par une nullité facultative.

Il y aura donc sans doute un débat sur ces sujets.

S’agissant du retard apporté dans la déclaration dans la cessation des paiements, celui-ci peut être fautif si il est effectuée postérieurement au délai de 45 jours posés par les textes. Sous réserve de l’appreciation des juges, le retard dans la déclaration peut entrainer la responsabilité personelle des dirigeants et entrainer un retour sur des décisions antérieures pouvant aller jusqu’à 18 mois.

D’autre part, il faudra être vigilant sur tous les actes de la gestion et les flux financiers entres chaque filiale de Hopps en lien avec Milee.

On peut par exemple s’interroger sur le transfert de 150euros sans que cela n’apporte aucun cash à Milee puisque nos dirigeants indiquent que le transfert ne se traduit que par des jeux d’écritures comptables, mais surtout que la nouvelle société est devenue filiale de Hopps et non de Milee qui était pourtant son créateur et financeur.

Un marché « mature »

Dès 2017 et la vente d’Adrexo, les analystes indiquaient que le marché de l’imprimé publicitaire était « mature », c’est-à-dire sans doute arrivé à son potentiel maximum et sans aucune perspective de développement.

Il fallait donc, dès 2017, prévoir une évolution de l’activité de l’entreprise.

Le courrier qui pouvait être un moyen a été « saboté » par une volonté de non-qualité et nombre de subterfuges pour faire illusion.

Au contraire de notre principal concurrent qui était en sur-qualité et a pu décider de la réduire sans influencer son marché, Milee a décidé de ne pas être au rendez-vous d’une qualité minimale et entretien toujours la possibilité d’offrir les statistiques qu’elle souhaite au détriment d’un reflet de la stricte vérité.

De plus, ce développement a été mené trop discrètement et sans moyen. Le résultat a été un bilan bien en dessous des prévisions. La gestion sociale de Milee, également très détériorée, ne correspond pas aux standards du management moderne et on retrouve ici la volonté d’une course à la marge au détriment de la qualité.

Dans un métier de service, la qualité est un élément essentiel au développement. Sans aller dans des extrêmes, le client doit avoir une satisfaction globale et les commerciaux doivent pouvoir vendre sereinement sans être contraint de passer trop de temps à régler les contentieux et les reproches.

Coté Colis, autre moyen de retournement pour l’entreprise, le prix de vente du colis au principal donneur d’ordre génère une perte d’un million par mois. Aucun prestataire ne sait vivre dans ces conditions. Ceci est le fruit d’un contrat signé par nos dirigeants au moment où ils détenaient les deux entreprises.

La encore, le chiffre d’affaires de Milee a été utilisé pour compenser cette perte alors que sur cette activité, l’exigence du client tirait la qualité vers le haut et Milee savait ici rivaliser avec les plus grands sous-traitants du secteur. Une gestion quotidienne de la qualité ne permettait pas à Milee de sortir d’un cadre très exigeant et les équipes dédiées au colis n’ont pas à rougir du travail effectué.

Pour eux, des rumeurs font état d’une possibilité de reprise de l’activité par cession, mais ce sera beaucoup plus difficile pour l’activité de distribution qui a sciemment été progressivement détruite sans aucune compensation par évolution des pratiques et développement sérieux de nouveaux marchés.


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