Sans argent pour fonctionner, la société Milee (Adrexo) s’est déclarée en cessation de paiement. Hopps qui gère la trésorerie et ses filiales sont dans une situation difficile.

Alors demain ?

Pour notre syndicat, totalement autonome et responsable, il n’y a aucun avenir pour le groupe et surtout Milee avec nos dirigeants actuels.

Nous n’avons eu de cesse de le dire depuis 2017 et le fonctionnement de l’entreprise et les résultats obtenus mettent en évidence une absence de volonté de développement et un assèchement méthodique des actifs d’Adrexo devenu Milee.

Certains collègues syndicalistes n’en pensent parfois pas moins, mais s’accrochent à quelques faux avantages et une illusion qu’en « rendant service » à la direction, ils seront davantage protégés.

Ils verront au final qu’ils sont les outils d’une démarche et qu’ils n’auront aucun retour, bien au contraire. Mais la peur est là et cette direction a toujours entretenu des relations sociales troubles allant même jusqu’à créer son propre syndicat en rédigeant les statuts et en l’installant dans le paysage syndical.

La même direction assure qu’Adrexo n’a jamais intéressé personne, ce qui est faux, et n’intéressera jamais un repreneur.

Il est vrai qu’en vidant l’entreprise de toute sa substance, elle réduit chaque jour son attractivité.

En optant pour une culture de la non-qualité de service qui s’est illustré par la réduction des temps de distribution (Temps Max, codes, réduction de couverture,…), elle a détérioré son image et celle du produit commercialisé.

Elle a engagé sa force commerciale vers l’échec et s’est d’abord éloignée des clients locaux puis progressivement des clients nationaux.

Ce n’est pas une stratégie qui vise à durer.

C’est une stratégie qui vise à facturer et à réaliser la meilleure marge sans s’occuper de l’avenir.

Depuis le début, l’idée de faire fructifier ce qui peut l’être (Colis Privé par exemple, très en difficulté en 2016), et de financer tout ce qui peut l’être par Milee en créant un appauvrissement de l’entreprise.

Est-ce pour autant un abus de bien social ?

Nous n’avons pas les compétences pour l’affirmer car cette infraction doit être caractérisée par un certain nombre de faits précis.

L’article L241-3 du Code du Commerce dispose que :

« Est puni d’un emprisonnement de cinq ans et d’une amende de 375 000 euros :

1° Le fait, pour toute personne, de faire attribuer frauduleusement à un apport en nature une évaluation supérieure à sa valeur réelle ;

2° Le fait, pour les gérants, d’opérer entre les associés la répartition de dividendes fictifs, en l’absence d’inventaire ou au moyen d’inventaires frauduleux ;

3° Le fait, pour les gérants, même en l’absence de toute distribution de dividendes, de présenter aux associés des comptes annuels ne donnant pas, pour chaque exercice, une image fidèle du résultat des opérations de l’exercice, de la situation financière et du patrimoine à l’expiration de cette période en vue de dissimuler la véritable situation de la société ;

4° Le fait, pour les gérants, de faire, de mauvaise foi, des biens ou du crédit de la société, un usage qu’ils savent contraire à l’intérêt de celle-ci, à des fins personnelles ou pour favoriser une autre société ou entreprise dans laquelle ils sont intéressés directement ou indirectement ;

5° Le fait, pour les gérants, de faire, de mauvaise foi, des pouvoirs qu’ils possèdent ou des voix dont ils disposent, en cette qualité, un usage qu’ils savent contraire aux intérêts de la société, à des fins personnelles ou pour favoriser une autre société ou une autre entreprise dans laquelle ils sont intéressés directement ou indirectement.

Outre les peines complémentaires prévues à l’article L. 249-1, le tribunal peut également prononcer à titre de peine complémentaire, dans les cas prévus au présent article, l’interdiction des droits civiques, civils et de famille prévue à l’article 131-26 du code pénal.

L’infraction définie au 4° est punie de sept ans d’emprisonnement et de 500 000 € d’amende lorsqu’elle a été réalisée ou facilitée au moyen soit de comptes ouverts ou de contrats souscrits auprès d’organismes établis à l’étranger, soit de l’interposition de personnes physiques ou morales ou de tout organisme, fiducie ou institution comparable établis à l’étranger. »

Le Tribunal de commerce, les mandataires judiciaires, le Procureur de la République auront à donner une réponse à cette question et à déterminer si, par exemple, les dirigeants ont fait un usage qu’ils savaient contraire à l’intéret de l’entreprise.

Était-il cohérent de sortir des synergies prévues dans le cadre de la reprise d’Adrexo en 2017 ?

Était-il cohérent de détacher des activités d’Adrexo pour les rendre autonomes ?

Était-il cohérent de dégrader la qualité de service ?

Était-il cohérent d’entretenir une politique sociale très dégradée et était il cohérent par exemple d’entretenir le turn-over important des distributeurs ? Était-il cohérent de ne pas payer l’intégralité du temps travaillé (temps de tri des courriers par exemple) ?

Était-il cohérent de ne pas respecter le C.S.E. et ses élus en communiquant des documents après les réunions pour éviter de réelles études ?

Était-il cohérent de constituer une base de données et de lancer le titre 150euros au frais de Milee et de l’en sortir en avril dernier ? Était-il normal de trouver autant d’incohérences dans les adresses ?

Était-il normal d’utiliser des agences de communication très influentes, mais surtout très chères pour inventer et diffuser des recettes de cuisine ? Ces agences, peu habituées à travailler avec des petites entreprises n’étaient elles pas surdimensionnées ?

Était-il cohérent de passer de 18 000 à moins de 10 000 distributeurs en un peu plus d’un an sans P.S.E. ?

Était-il cohérent d’engager un P.S.E. tout en sachant qu’il n’était pas financé et qu’il ne se ferait pas ?

Était-il cohérent de tenter de faire croire que les distributeurs âgés de 70 ans et plus pouvaient partir sans indemnité alors qu’ils sont les piliers de l’activité ?

Était-il cohérent de vendre à perte la livraison des colis au principal donneur d’ordre ?

Était-il cohérent de maintenir en poste ceux qui n’ont pas su organiser la distribution de la propagande électorale ?

Était-il cohérent de transférer le siège de Hopps en région parisienne après l’échec d’une homologation devant le Tribunal de Commerce de Marseille ?

Était-il cohérent d’emprunter au Luxembourg quand aucune banque française ne voulait prêter le moindre euro et était-il cohérent d’accepter des taux d’intérêts très (trop) élevés ?

Était-il cohérent d’accepter malgré ces taux, la mise en fiducie de nombreuses entreprises du groupe ?

Est-ce que tous les choix de gestion ont été dictés par l’intérêt de l’entreprise ?

Le redressement judiciaire va provoquer son lot de questions pour expliquer cet échec.

Prochaine étape : le 3 juillet prochain ou les dirigeants devront fournir des documents supplémentaires afin que le tribunal réévalue la situation et la possibilité de continuer l’exploitation :

  • le bilan comptable de son dernier exercice, certifié par son Expert Comptable,
  • une note explicative adressée aux juges-commissaires ainsi qu’au tribunal concernant les comptes consolidés du Groupe HOPPS au titre de l’exercice 2023 et le compte courant débiteur de ce groupe dans les comptes de la SAS MILEE,
  • une situation comptable de la période d’observation arrêtée à la date la plus proche possible de l’audience, certifiée par son Expert comptable,
  • l’attestation de son expert comptable relative à l’absence de dette de l’article L. 622-17 du Code de Commerce,

Le second point présente un intérêt particulier dans le cadre de l’analyse des flux entre Milee et le groupe Hopps.


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