Notre objectif n’est pas de faire peur ou de monter les distributeurs contre les managers.

Notre objectif est de vous informer, de manière précise et fiable pour comprendre le fonctionnement de l’entreprise et avoir les clés pour agir et réagir en connaissance de cause.

 

Pour mieux comprendre le nouveau modèle de rémunération des distributeurs, tout d’abord, un peu d’histoire :

Dans un premier temps, les distributeurs étaient rémunérés au prospectus, quelques centimes (de francs) permettaient de rémunérer l’ensemble de la préparation, de la distribution et autre.

Une somme forfaitaire donc, qui comprenait l’ensemble de la prestation, une sorte de travail « à la tâche ».

En 2006, la convention collective de la distribution directe va codifier les choses et instaurer en particulier une rémunération basée sur des heures de travail avec 4 temps différents (préparation, distribution, attente et chargement, trajet).

Même si aujourd’hui, cette convention collective peut sembler incomplète, et nous passerons sur ce vaste sujet, elle avait toutefois commencé à professionnaliser le métier de distributeur.

La convention instaure un nouveau concept de « pré-quantification » du temps de travail.

En effet, hors du champ de surveillance de l’employeur, le distributeur peut distribuer selon des horaires libres et cette liberté d’organisation pose problème pour contrôler et mesurer le temps de distribution.

Le temps de distribution est donc évalué en fonction du nombre de boites à lettres, de la difficulté associée au secteur et du poids de la poignée distribuée dans chaque boite à lettres.

Ce système de pré-quantification a été largement contesté, et même interdit par deux fois suite à des arrêts du conseil d’état, il était donc grand temps de le réformer, ce qui fut fait au terme de négociations validées dans l’entreprise par la signature d’un accord d’entreprise, le 4 juillet 2016, accord signé par les organisations syndicales CAT, CFE-CGC, FO et SUD-PTT.

Cet accord prévoyait une mise en œuvre de la mesure du temps de travail en début d’année 2017 mais pour des raisons techniques, il n’est déployé qu’aujourd’hui (à compter du 14 août 2017) après une période de collecte d’informations nécessaires au traitement et au contrôle du temps de distribution.

 

La finalité : le code du travail prévoit que l’employeur doit contrôler le temps de travail journalier des salariés.

C’est pour cette raison, que votre badgeuse collecte le temps de travail (et non les horaires) de chaque journée.

 

Pourquoi ce délai entre la signature de l’accord (4 juillet 2016) et la mise en œuvre (14 aout 2017) ?

Tout d’abord, l’entreprise a été vendue en janvier 2017, l’ancienne direction avait pour mission de préparer cette vente et de préparer un système de rémunération plus juste mais elle a laissé le soin de le mettre en application aux nouveaux propriétaires.

Il semblait donc difficile de le faire en janvier, comme prévu initialement, alors que la nouvelle direction est arrivée début janvier 2017 (même si cette nouvelle direction connait bien l’entreprise…).

D’autre part, l’entreprise a souhaité collecter le temps de distribution mais aussi le contrôler car, et on peut le comprendre, il n’est pas possible de laisser chacun déclarer un temps de travail qui peut être fantaisiste et permet des dérives.

Ce sont les distributeurs de Toulon qui ont été d’abord sollicités pour les premiers tests et collecte d’informations par la badgeuse.

Puis, depuis que les distributeurs utilisent la badgeuse dans toute la France, et jusqu’au 13 août 2017, l’entreprise a collecté des traces GPS de distribution, c’est-à-dire un point de géolocalisation toutes les 10 secondes pour suivre le trajet du distributeur.

Avec plusieurs distributions ainsi tracées, le parcours est fiabilisé (et non le temps), Le système est capable, en analysant la vitesse de déplacement, de déterminer si le distributeur est à pieds ou en voiture.

Il est ensuite facile de mesurer les distances parcourues et d’appliquer une moyenne de temps pour connaitre le temps nécessaire pour effectuer les déplacements sur le secteur.

Ce résultat donne un temps théorique, dit aussi temps repère, qui est le fruit d’un calcul mathématique et ne tient absolument pas compte des temps que vous auriez pu mettre pour effectuer votre distribution avant le 14 aout 2017.

Ce temps théorique n’est donc pas une moyenne des temps passés mais uniquement le résultat d’un algorithme mathématique comme c’est aujourd’hui l’usage dans nombre d’entreprises que vous utilisez quotidiennement (banques, assurances, grande distribution, …).

 

Et aujourd’hui ?

Il est donc possible, et même très fréquent, que ce temps ne soit pas complétement en phase avec le temps réellement passé pour distribuer.

Ceci génère un écart plus ou moins important.

Que se passe-t-il alors ?

Vous passez moins de temps que le prévoit le temps théorique : le temps badgé s’applique. Cependant, les traces seront vérifiées pour savoir si la distribution est complète.

Vous passez plus de temps que le prévoit le temps théorique. Sachez tout d’abord que vous n’êtes pas un cas isolé, inutile de vous cacher derrière les palettes dans votre centre Adrexo…

Votre temps de distribution mesuré (temps réel de distribution) est le temps qui sera retenu pour votre salaire sauf :

  • Si votre temps mesuré n’est pas validé, consultez la fiche à ce sujet pour vous assurer que vous utilisez les bonnes pratiques, (Sachez par ailleurs qu’en cas de dépassement de plus de 200% du temps théorique ou de plus de 3 heures, et si le temps théorique est manifestement erroné, votre badgeuse s’arrête mais votre manager aura la possibilité de maintenir la rémunération totale en attendant la certification du temps théorique et après vérification de vos traces de distribution),

 

  • Si vous acceptez le temps théorique lorsque la badgeuse vous le demande car, dans ce cas, vous validez par défaut le temps théorique et votre temps réel ne sera pas mesuré. Cette procédure ne doit être utilisé que par certaines personnes, après validation par une procédure particulière. Elle est illégale quand elle s’applique à tous et il vous serait facile de le dénoncer.

 

Cliquez donc sur « je refuse » quand la badgeuse vous propose l’application du temps repère ou théorique de distribution.

Vos managers n’ont reçu aucune consigne pour vous pousser à accepter ce temps théorique, la plupart ont découvert cette possibilité, par une communication très tardive du siège en semaine 32 ou lundi 14 août, en même temps que vous, après la mise à jour des badgeuses.

Toutefois, si vous subissez des pressions sur ce point, n’hésitez pas à nous le signaler, sachez que la loi prévoit ce contrôle du temps de travail et vous protège sur l’application de cette disposition d’ordre publique.

 

L’écart est important :

Si votre temps est supérieur au temps théorique et que votre mesure est valide, il faudra analyser votre mode de distribution.

 

Comment ?

Tout d’abord, grâce à vos traces GPS de distribution qui sont disponibles quelques jours après la fin de votre distribution (pas de communication en temps réel des badgeuses), votre manager verra avec vous si votre organisation est optimisée.

Car, dès l’instant ou l’employeur vous rémunère au temps réel, il peut exiger que vous vous organisiez différemment.

Ce qui pouvait être toléré lorsque vous étiez rémunéré au forfait, ne le sera plus quand vos habitudes impactent le montant du salaire et donc le coût de production pour l’entreprise.

Discuter avec les personnes sur la tournée, boire un café, distribuer en voiture alors que les boites sont peu éloignées, sont des pratiques qui nécessiteront des changements. (Il n’est pas interdit de déclarer une pause si vous le souhaitez, l’employeur vous rémunère au juste temps pour distribuer, pas encore pour boire le café…). On peut le regretter, mais cette revendication viendra pour plus tard.

Cela peut paraitre évidement, mais si vous avez de « mauvaises » habitudes, elles seront peut-être difficiles à changer mais il faudra le faire, au risque sinon d’être éventuellement sanctionné.

Il est de notre devoir, en tant qu’organisation syndicale, de vous alerter sur ce point même si nous aurions préféré avoir plus de l’attitude. Le choix de la négociation vers la rémunération au juste temps passe par des impératifs et quelques contraintes.

L’employeur dispose d’un pouvoir de direction octroyé par le code du travail, heureusement encadré par des règles mais il est normal qu’il puisse vous demander d’appliquer des procédures même si celles-ci sont contraignantes.

Vous recommander d’y résister serait vous mentir et vous amener au conflit, sous réserve, répétons-le, que ces consignes soient justes, équitables et proportionnées.

Nous traiterons avec fermeté les dérives éventuellement constatées localement. N’hésitez pas à prendre contact avec vos délégués CAT.

 

Autre point de contrôle possible : le plan.

Etes-vous bien dans le périmètre de distribution, limitez vous votre distribution aux zones indiquées sur le plan.

Il est rappelé qu’en aucun cas, vous ne devez déborder du plan, même si votre manager vous le demande. Le plan doit être modifié par le service marketing d’Adrexo avant que la distribution soit modifiée sur le terrain.

Votre manager disposera d’un questionnaire pour évoquer, avec vous, les différentes pistes possibles.

Enfin, si les vérifications ne permettent pas d’approcher le temps théorique, vous pourrez être remplacé par un autre distributeur qui fera la même distribution que vous, en s’organisant à sa façon, mais en distribuant une vraie tournée dans des conditions réelles.

Les centres disposeront de distributeurs « référents » qui sont en cours de recrutement et qui seront chargés de ce travail avec une vérification sur trois semaines (qui pourra aussi être fait par un autre distributeur qualifié).

C’est un bon moyen de vérifier que votre temps réel est le bon ou, mais nous pensons que ce sera plus rare, que votre temps est manifestement trop élevé.

Vous pourrez ainsi prouver que votre organisation est la bonne et que votre temps de distribution est correct.

Le temps théorique sera alors ajusté sur ce temps théorique « certifié » entrera en vigueur après validation du directeur régional et l’écart constaté disparaitra.

L’objectif est que les écarts les plus importants soient traités avant la fin de l’année par ces dispositifs.

N’ayez donc pas peur de cette vérification qui est tout à fait à votre avantage si vous travaillez avec des méthodes « normales » et de bon sens, ce qui est le cas de la majorité des distributeurs.

Si le distributeur remplaçant met en évidence des anomalies dans votre distribution, des recommandations vous seront données pour l’améliorer sur la base d’informations concrètes, directement en phase avec les conditions de distribution de votre secteur.

Vous avez donc tout intérêt à laisser opérer cette procédure, sachant que pendant les trois semaines, un autre secteur vous sera confié pour vous assurer votre salaire.

Un petit sacrifice sur vos habitudes qui peut vous apporter la tranquillité et un salaire basé sur un juste temps.

Nous comptons sur vous tous, pour nous faire remonter vos expériences, c’est grâce à vos messages, vos questions, que nous pouvons solliciter la direction sur des sujets concrets et faire avancer les choses et continuer à vous informer.


En savoir plus sur Syndicat C.A.T. Milee (ADREXO)

Subscribe to get the latest posts sent to your email.