Nous vous avons déjà régulièrement informés sur le temps Max, ce nouveau temps qui arrête la mesure du temps de travail en bloquant la badgeuse.

Rappelons le, ce temps a été inventé pour réduire des coûts de distribution (dixit Frédéric Pons).

Il est calculé de deux manières :

  • Il existe une trace de distribution valide sur le secteur pour une semaine donnée, l’entreprise retient le temps le plus bas opéré sur ce secteur par le distributeur concerné.
  • Il n’existe pas de trace exploitable sur le secteur et c’est la moyenne de dépassements des temps théoriques (repères ou « Éole… ») qui est pris en compte (donc du vent sur du vent).

Dans le premier cas, une distribution physique sert de référence, dans le second cas, c’est un calcul mathématique qui détermine le temps Max.

Pour le premier cas, qui se voudrait le plus fréquent, ce n’est pas une moyenne des temps réalisés qui est retenue, mais le temps le plus bas. Il faudra donc ensuite que le distributeur soit aussi performant que celui qui a été pris comme référence.

On peut logiquement penser que ce temps le plus bas a été réalisé avec des conditions optimums, par beau temps, sans travaux sur le secteur, sans embouteillage, avec des stationnements à disposition aux bons endroits, sans documents difficiles à mettre en boite, sans obligation de retourner à la voiture charger plus souvent du fait de la configuration d’un document spécifique, puisque le temps max ignore toutes autres données que le poids de la poignée complète qui le fait évoluer comme pour le temps théorique par tranche de 50 grammes.

Bref, c’est le temps que l’on obtient quand tout va bien ! On aurait pu l’appeler le temps « Bisounours ».

La badgeuse, qui sonne plus vite que son ombre, prévient le distributeur deux fois, la première lorsqu’il atteint le célèbre temps théorique (repère) calculé par un ordinateur et la seconde lorsque de distributeur arrive au temps « Bisounours ».

A ce moment, un message l’invite à contacter son responsable pour savoir s’il doit continuer ou non. L’histoire ne dit pas si le temps nécessaire pour cela lui est payé et si le responsable doit se tenir derrière son téléphone entre 6 heures et 21 heures puisque ce sont les heures autorisées pour la distribution.

Dans la vraie vie, ce n’est pas tout à fait comme cela. Le distributeur sait à l’avance si il va être payé ou non de ce dépassement et poursuit ou pas sa distribution et la déclarera ensuite (temps supplémentaire) pour un hypothétique paiement.

Il est alors obligé de faire une double confiance, une première à son responsable préféré qui l’assurera du paiement, et la seconde à son directeur régional qui aura à valider la saisie du premier, ou pas…

Car, il apparaît que dans certaines régions, le directeur régional, pourtant renforcé d’un adjoint, ne doit pas avoir le temps de traiter ces validations puisque nombreuses restent dans la nature, ni acceptées, ni refusées mais assurément non payées.

C’est plus de 3 000 demandes de régularisations qui ont été non traitées sur la France.

Dans certains cas, elles sont donc refusées ou non traitée (ce qui revient au même), on peut donc penser que le salarié a effectué ce travail, que le responsable l’a accepté et à procédé à la saisie des informations, mais que la direction régionale n’a finalement pas validé.

Nous touchons la le principal problème légal puisqu’il est évident que la loi ne prévoit pas que le temps de travail effectivement réalisé soit ensuite validé avant d’être payé.

Il doit l’être.

Si ensuite, quelqu’un pense que ce temps n’est pas nécessaire, il indiquera au salarié de ne plus le faire à l’avenir, mais il ne peut le réduire pour le passé.

Les responsables qui agissent de la sorte, soit en refusant de valider, soit, et c’est encore plus grave, en laissant la demande sans action, deviennent complices de l’entreprise et du système qu’elle a installée pour dissimuler des heures de travail.

Si nous avançons ce fait aujourd’hui, c’est que nous avons la preuve écrite et officielle que ces pratiques existent.

Pour l’avenir, il est prévu un dispositif qui devrait faire redémarrer la mesure du temps de travail avec l’appareil, si le manager l’accepte.

Il n’est pas indiqué si cette prolongation devra, elle aussi, être validée par la direction régionale. Il sera peut être alors prudent d’équiper les distributeurs de moyens de camping afin de pouvoir attendre que tout le monde valide.

Mais, la encore, le problème reste entier, pourquoi valider la poursuite de la distributiion pour un et pas pour l’autre ?

Quels seront les critères ? La bonne tête du distributeur ? l’humeur du responsable ? l’importance du secteur selon qu’il est proche ou plus lointain de la vue du client ? la période selon qu’elle fasse l’objet d’un contrôle ou pas ? Stop ou Encore joué aux dès ?

Tout ceci est très dangereux pour l’entreprise.

Et si c’est dangereux pour l’entreprise, c’est aussi dangereux pour nous, salariés.

D’autant qu’à ce jeu, les clients s’inquiètent déjà et ils ont bien compris aussi que c’était dangereux pour eux. Les gros clients utilisent des sociétés spécialisées pour les assister dans les choix de zones de distribution et même de société de distribution.

Ces experts exercent une veille attentive du métier et connaissent très bien le fonctionnement des différents acteurs de la distribution.

Or, pour se distinguer sur la qualité, l’entreprise menait des actions spécifiques, ayant compris que c’est sur ce terrain que les clients attendent des résultats et surtout que l’on soit en capacité de les prouver.

La badgeuse est un outil providentielle pour cela. Les clients sont très sensibles aux informations qu’elle peut produire et à l’analyse qu’ils peuvent en faire. C’est un moyen de contrôle de tous les distributeurs, en même temps, ce qui est impossible physiquement.

Elle répond aussi à un besoin de légalité sur l’appréciation des niveaux de rémunérations étant entendu que le donneur d’ordre doit aussi s’assurer qu’il travaille avec un prestataire sérieux.

En réponse à cette attente, l’entreprise décide d’arrêter la mesure du temps de travail et le contrôle qualité au bout d’un temps Max…

Plus de contrôle, plus de données, et parfois même plus de distribution !

Il faut avoir un esprit déviant pour avoir une idée aussi suicidaire et contraire à la volonté du marché.

Qu’une entreprise souhaite gérer la performance de ses salariés, c’est une chose, mais qu’une entreprise rabote le temps de travail au préjudice de son activité, c’est tout simplement une aberration.

Déjà aujourd’hui, des clients, et pas des moindres, commencent à constater les dégâts sur les taux de qualité qu’ils reçoivent après chaque opération et s’interrogent même sur la pertinence de ce média à l’avenir.

Les clients disposent en effet, grâce à leurs experts de la distribution, de données externes sur la réalité de la distribution qui sont le résultat de contrôles terrain ou de panels.

L’application de cette idée farfelue et qui ne vise qu’à réduire la masse salariale sans prendre en compte les effets collatéraux est un choix extrêmement dangereux tant sur le plan légal que sur le devenir du cœur de métier.

A l’évidence, il est de notre devoir, en qualité d’organisation syndicale, de le dire et de combattre ce dispositif.


En savoir plus sur Syndicat C.A.T. Milee (ADREXO)

Subscribe to get the latest posts sent to your email.