La badgeuse est incontestablement un moyen de mesurer et de contrôler le temps de travail, deux éléments essentiels et obligatoires au regard du code du travail.

Mais les problèmes rencontrés peuvent parfois compromettre le fonctionnement de l’appareil et faire échec à la mesure ET au contrôle du temps de distribution.

Dans certains cas, les responsables peuvent corriger et dans d’autres, non.

Une fiche complète éditée par notre syndicat permet d’y voir plus clair dans les raisons invoquées par l’entreprise pour invalider le temps mesuré.

Mais, il appartient aussi au salarié d’être acteur de ces vérifications et de contester, le cas échéant, la décision prise par le système informatique de l’entreprise.

Voici quelques éléments que vous pouvez visualiser auprès des responsables et qui peuvent permettre de comprendre, soit pour modifier une mauvaise pratique, soit de contester et de replacer le temps mesuré au niveau du temps réel.

Sur cette première vue cartographique, on appercoit les limites du secteur (en gris) et on observe que le distributeur a commencé bien avant le début du secteur (point en bas à gauche), ce qui a pour effet d’invalider la totalité de son temps mesuré.

Pour nous, il nous apparaitrait normal que le responsable puisse corriger, au besoin en enlevant le temps nécessaire pour aller du point de départ à l’entrée du secteur, ou que le système informatique le fasse de lui même puisque ce temps est connu, mais l’entreprise n’a évidement pas pris cette option !

Pour ce type de problème, le récapitulatif de distribution indiquera « Action de badgage en dehors du secteur » et aucune correction n’est possible.

Autre cas, ci-dessous, un dépassement des limites du secteur. On peut observer que le distributeur a bien déclaré sa fin de distribution dans le secteur (au centre) mais qu’il est précédemment sorti (à gauche).

Dans ce cas, l’erreur indiquée sur le récapitulatif de distribution est « Distribution en dehors des limites du secteur » et pourra être corrigé par le responsable s’il juge que le distributeur a pratiqué ainsi pour une raison valable (distribution d’un courrier par exemple), même si la consigne reste de ne pas dépasser les limites des plans.

Une autre raison d’invalidation fréquente et surtout d’écrêtage du temps de distribution est l’immobilité.

Il faut savoir qu’elle se déclenche quand la badgeuse est immobile 7 minutes. Il peut y avoir plusieurs immobilités qui se cumulent. Si le total des immobilités représente plus de 15% du temps, l’entreprise invalide l’ensemble de la mesure. Autre bizarrerie…

Ici, on observe deux immobilités (en rouge, notés STOP). En cliquant dessus, on pourra connaitre le temps de chaque immobilité.

Il peut être intéressant de savoir ou elles se sont produits car elles s’expliquent toujours.

Au lieu de stationnement, c’est probablement le temps de chargement du chariot, devant un immeuble, ce sera probablement le temps passé dans un hall pour distribuer un nombre important de boites ou à chercher le destinataire d’un courrier.

On voit en zoomant que l’immobilité est ici de 14 minutes avec une multitude de points groupés qui témoignent de nombreux passages, c’est probablement le lieu de chargement du chariot.

Si on utilise un autre mode de visualisation cartographique, cela se confirme puisque c’est le point de départ de la distribution du secteur.

On notera sur cette vue, deux sortes de points GPS (verts et bleus) qui expriment les trajets à pieds et en voiture.

On notera au passage, une anomalie de distribution avec un débordement du secteur, en bas, à gauche, la zone a distribuer étant ici montrée en rose.

Des points verts en dehors du fond rose indique que le distributeur n’était plus sur son secteur.

Soit il s’est trompé, soit il s’agit d’une nouvelle rue qui n’est pas encore inclut dans le plan (et c’est le cas sur cet exemple).

Le système ne lui en tiendra pas rigueur ainsi car sa sortie de secteur est de 500 mètres et de moins de 30 minutes.

En ce qui concerne l’immobilité, le responsable pourra soit la valider en estimant qu’elle est justifiée, soit replacer le temps au niveau du temps réel en déduisant l’immobilité.

Par exemple pour un temps mesuré d’une heure et une immobilité de 20 minutes, le système remplacerait le temps mesuré par le temps théorique indiqué sur la feuille de route (par exemple : 30 minutes).

Le responsable pourra donc soit valider le temps d’une heure, soit y retrancher les 20 minutes d’immobilité si c’est une erreur de manipulation (pause oubliée par exemple) pour placer le temps payé à 40 minutes.

Dans cette vue, on peut voir de nombreuses immobilités dont l’une est de 20 minutes.

Ici, le distributeur avait laissé sa badgeuse dans la voiture pour effectuer la distribution à pieds, et pendant ce temps, la badgeuse était détectée en immobilité.

Il faut également savoir que l’immobilité n’est pas détectée pendant la distribution mais seulement après analyse des traces lorsque les données remontent à l’entreprise en fin de distribution. La badgeuse ne peut donc pas sonner pour la signaler pendant la distribution.

Même chose ci-dessus, on voit le début de distribution avec la pastille violette en haut et la fin de distribution avec l’autre pastille violette a gauche mais aussi 5 « Stop » indiquant des immobilités multiples.

Après analyse, la aussi, le distributeur partait à pied en laissant la badgeuse dans la voiture. Son temps de 4 heures passait à 1,15 heures au temps théorique. Si il n’avait pas réclamé des explications, il aurait pu, encore longtemps, faire cette erreur.

Comment ces données sont elles présentées en synthèse ?

Ci-dessus, la vue d’une autre aberration, un salarié a badgé 3H13, il a 14 minutes d’immobilité qui sont retirées pour donner 2h59. Le temps Max est de 2H53 et la croix indique qu’il a tapé son code de déblocage de temps Max.

Pourtant, il sera payé 2H45, car ce secteur est « certifié » et le temps bridé à 5% de plus seulement.

Même avec un code, il ne pourra donc jamais avoir un salaire supérieur à 2H45 + 5% soit environs 2H53.

Bel espoir donné au salarié avec un code, qui sera finalement sans effet. Belle dissimulation d’heures travaillées en tout cas.

Cette manipulation apparait sur les relevés récapitulatifs sous le doux nom de « Ecart temps badgé vs temps théorique trop important ».

Même chose ci-dessous avec un impact plus important :

Pourtant, à droite, on voit que le taux de couverture du secteur est de 97% et que donc le salarié a parfaitement travaillé.

Autre erreur possible, le secteur est badgé plusieurs fois :

On voit ici que le distributeur a du rencontrer un problème et a du redémarrer sa badgeuse. Il a donc tapé deux fois le même numéro de secteur. Sacrilège !

On voit qu’il a travaillé 3h53 et 1h03 et qu’il sera payé finalement 2h59 avec le message « le secteur a été badgé plusieurs fois ». L’entreprise se refuse ici a additionner les deux segments de distribution.

L’ensemble de ces données sont issues d’un traitement informatique nominatif et chaque salarié peut y avoir accès. Personne ne peut vous le refuser.

Il faut donc exiger de voir les éléments pour comprendre, et éventuellement contester, les éléments de salaire.

En cas de refus, après avoir confirmé votre demande par écrit, au moyen d’un mail par exemple, n’hésitez pas à saisir la CNIL pour signaler ce refus et avoir accès aux informations.


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