Le Tribunal de Commerce de Marseille se prononcera lundi matin sur la situation de Milee et autres sociétés du groupe Hopps concernées.

Il semble de plus en plus probable que les magistrats du Tribunal de Commerce de Marseille constateront que des sociétés du groupe Hopps dont Milee ne pourront pas aller jusqu’au terme de la période d’observation ouverte dans le cadre du redressement judiciaire le 30 mai dernier.

Malgré l’optimisme de la direction cette semaine qui annonçait encore quelques millions à rentrer, il faut se rendre à l’évidence, les prévisions n’étaient encore pas sérieuses et Milee ne pourra poursuivre son activité.

L’administrateur judiciaire qui doit, lui, être lucide, devrait indiquer au Tribunal que Milee produit toujours des dettes, ce qui n’est pas possible pendant la période d’observation.

Ce mandataire judiciaire a des obligations et constate en ce moment, ce qui était malheureusement déjà apparent, c’est-à-dire l’incapacité de la direction à gérer et sa propension à faire des prévisions irréalistes.

L’alibi de l’impayé de Colis Privé n’est pas sérieux et le montant évoqué (2,5 M€ + 1 M€) ne saurait couvrir à la fois les salaires et les loyers et autres frais divers.

D’autant qu’il s’agit d’une somme qui ne se renouvelle pas chaque mois, alors et ensuite ?

Si l’arrivée de cette somme était certaine, pourquoi les dirigeants ne l’ont il pas avancée ?

Après la piste de la vente de Dispeo, qui n’a finalement pas trouvé d’acquéreur, le dédommagement du ministère de l’Intérieur, qui était une vaste blague, la solution miracle colis privé fait long feu.

Nous ne sommes pas à l’abri d’une nouvelle solution rêvée dans la nuit par nos dirigeants, mais il y a peu de chance qu’elle soit convaincant lundi. Les masques tombent.

Nous entendrons de nouveau les excuses passées, le Covid, les gilets jaunes, l’Ukraine… D’autant que certains syndicats de l’entreprise ont accepté ces motifs en signant un accord qui explique que c’est ici qu’il faut trouver les véritables raisons de nos problèmes.

Le plus surprenant, c’est que même l’administrateur judiciaire a validé cette version de la même manière et nous verrons comment demain, il pourra expliquer son engagement en ce sens.

Lors du dernier CSE, un syndicaliste signataire s’est offusqué en indiquant que la direction lui avait « demandé » de signer et que maintenant, il n’avait pas ce qu’il voulait.

C’était oublié qu’une fois signé, la direction n’avait plus rien à attendre de lui.

Bref, une occasion perdue d’affirmer une unité syndicale profitable aux salariés, car personne ne pouvait ignorer qu’en coulisse, d’autres s’intéressaient à la reprise de Milee ou du moins de son savoir-faire.

Quand l’intérêt personnel commande, c’est toujours au détriment de l’intérêt collectif.

Nous avons tous vu que le premier PSE était un leurre avec la mesure de licenciement de tous les salariés de 70 ans et plus qui montrait l’absence de sérieux puisqu’aucune disposition légale ne permet cela.

Il a fait perdre un temps précieux, sans doute volontairement, alors que les capacités des sociétés se dégradaient toujours un peu plus.

Nous avons ensuite tous vu que le second PSE a surtout créé une impossibilité de travailler et il a même fallu annuler des licenciements pour tenter de sauver la distribution mais trop tard, le mal était fait.

Nous n’aurons pas la honte de cette trahison à notre crédit et nous savons être vos obligés. Le moindre des discernements aurait dû conduire à être plus exigeants et à ne pas accepter le dictat de l’urgence qui se révèle toujours une mauvaise conseillère.

Être en situation d’un urgentiste, c’est bien, et parfois nécessaire, mais avoir le bon diagnostic, c’est mieux. Ici, l’opération chirurgicale a été dirigée sur des organes sains et la maladie a continué ses effets, tranquillement…

Ce qui est important aujourd’hui, c’est de savoir que la ou les sociétés ne sont pas encore en liquidation et que le Tribunal aura à se prononcer, demain, lundi.

Il faut donc attendre que le Tribunal prenne une décision avant de se lancer dans des explications sur sa conséquence.

Il n’est d’ailleurs pas sûr que le Tribunal rendra une décision immédiatement. Il peut se donner quelques heures ou jours de temps de délibération.

Nous sommes depuis le début en présence d’une juridiction spécialisée (Tribunal de Commerce de Marseille) qui s’est substituée au Tribunal qui est normalement compétent (Aix en Provence) du fait de la taille de l’entreprise qui nécessite un examen par des magistrats spécialisés.

Jusqu’à présent, nous notons de notre côté que cette juridiction a effectué un travail remarquable et a très bien compris le contexte qui a engendré les difficultés.

Nous entendons les critiques qui indiquent qu’une liquidation aurait dû intervenir plus tôt mais le Tribunal avait à chercher tous les moyens possibles pour sauver l’entreprise avant d’ordonner une liquidation et afin de préserver les intérêts des salariés et des créanciers. Il fallait donc se donner le temps et la période d’observation fixée à 6 mois était nécessaire.

Il y a plusieurs hypothèses possibles.

  1. Le redressement judiciaire se poursuit (c’est juridiquement possible mais peu probable.),
  2. Le redressement actuel est converti en liquidation judiciaire à effet immédiat.
  3. Le redressement actuel est converti en liquidation judiciaire avec poursuite d’exploitation.

Dans le cas n°2, tout s’arrête, tous les salariés sont licenciés par un liquidateur judiciaire qui prend la main sur l’ensemble des actifs de l’entreprise. Une reprise peut tout de même se faire, mais plus tard, sans les salariés.

Dans le cas n°3, le Tribunal permettrait la poursuite d’exploitation pour un temps limité de manière à ne pas rompre les possibilités de cession de l’entreprise où à terminer des commandes en cours. Le repreneur peut obtenir un plan de cession rapidement sans arrêt de l’activité. Il indique au Tribunal ce qu’il veut reprendre y compris le nombre de salariés. Le Tribunal homologue ou pas la proposition.

Il faut prendre en considération qu’une liquidation est souvent plus favorable pour un éventuel repreneur qui dispose alors de la possibilité de reprendre une activité sans aucune dette.

Une négociation peut s’établir pour mettre en œuvre un « Prepack cession » qui permet une reprise dans des délais très courts.

Si le repreneur qui s’est déjà présenté pour reprendre Milee, Ad productions et 150euros souhaite maintenir son offre et la faire valider, il aura à se positionner rapidement.

En attendant d’en savoir plus, il semble, pour les salariés, prudent d’attendre les instructions qui découleront de la décision à intervenir pour poursuivre ou non le travail.

Nous rappelons que tous les salaires, accessoires de salaires, congés payés, préavis, indemnités de licenciement sont pris en charge par l’AGS (association de garantie des salaires) de la même manière que pendant le redressement judiciaire.

Cet organisme prenait déjà en charge les congés payés, les préavis et indemnités de licenciement, il n’y a donc aucun changement la dessus.

Les salaires d’août qui ne sont pas encore versés s’ajouteront donc aux sommes pris en charge par l’AGS.

La conséquence la plus impactante étant que les versements pourront prendre quelques jours de plus sans que nous puissions précisément aujourd’hui vous donner de délai précis.

Il ne faut donc pas tirer les conséquences trop vite et rester calme en attendant la décision du tribunal. Nous vous tiendrons informés dès que possible de la manière la plus transparente possible.


En savoir plus sur Syndicat C.A.T. Milee (ADREXO)

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